dimanche 1 mars 2009

Faut-il être une vraie fille?

Pour être une "vraie" fille, il faudrait :

- Avoir peur du noir
- Avoir peur des insectes
- Ne pas manger pendant les apéros
- S'esbaudir devant l'accouchement, les enfants, les chatons,
- Ne pas dire "Tu rentre à l'heure que tu veux"
- Ne pas dire "tu bois ce que tu veux"
- Demander : "A quelle heure tu rentre?"
- Ne pas dire que les mecs pas virils c'est cool
- Ne pas plaindre les prostituées
- Avoir peur du grand black là, celui qui me regarde, si si je te jure
- Trouver que Love Actually est le film de la décennie
- Avoir peur des souris
- Etre en retard
- Avoir mal aux pieds. Au dos. A la tête. Avoir mal quelque part.
- Critiquer la fille d'à côté
- Commander une pizza et un pot de Ben&Nuts avec un Coca Light
- Dire : "C'est qui cette meuf?"
- Avoir froid
- Sursauter au cinéma
- Vouloir faire l'amour la lumière éteinte
- Etre bourrée après la première vodka
- Ne pas savoir différencier une Ferrari d'une Aston Martin
- Mettre plus de 20 minutes à se décider au resto
- Bouffer la moitié du dessert de son vis-à-vis après avoir refusé d'en commander un soi-même
- Ne pas dire de gros mots
- Ne pas aimer aller chez Bricorama
- Se tromper entre sa droite et sa gauche
- Ne pas aimer la science fiction
- Trouver Guillaume Musso cool
- Aimer le Malibu
- Ne pas savoir changer les piles de son épilateur
- Ne pas être contente d'un cadeau
- Etre fatiguée

conclusion : suis-je vraiment une fille?

dimanche 22 février 2009

Aujourd'hui j'ai presque quelque chose à dire.

le faune

Place François 1er, Paris reprend son souffle.
J'ai oublié mon nom et perdu mon gant, mais les statues de la fontaine m'enveloppent d'un regard serein. Au fond du bassin vide, un faune danse au rythme des sifflements du vent.
Il vole et il me nargue, sautant d'un bord à l'autre, en équilibre surnaturel, se drapant dans la fumée de ma cigarette et rebondissant sur le nez d'un Cupidon figé par l'hiver. Une dernière volte et le voilà face à moi. Il me vole un baiser et part à la conquête d'une autre pièce d'eau en m'entraînant à sa suite.

Devant les verrières du Grand Palais qui s'illuminent d'aurore, il discute à présent de l'air le plus sérieux du monde avec la belle Calypso qu'il retrouve chaque jour à cette heure matinale, pour lui dérouler les facéties des noctambules gracieux, et la désennuyer du spectacle des touristes bovins qui viennent s'échouer à ses pieds en un ressac éternel. Je m'installe pompeusement entre le faune et la néréïde et profite un instant du spectacle de la ville qui s'éveille.

Après cette halte, la danse du faune nous mène au pied de la colonne Vendôme. La place nous appartient, à nous et au vieux hibou qui plane à l'entrée du Ritz. Le faune, faussement civilisé, salue très bas le hérault, lui fait une grimace, et nous plongeons dans la porte à tambour en ricanant comme des satyres. A l'intérieur, une jeune femme fripée nous observe depuis la bergère où elle attend depuis trois siècles, et, sorti tout droit d'un cadre en or vieilli, un Hemingway hiératique traverse le salon, traînant sa vie sans bruit et sur roulettes sur la moquette épaisse.
Il se saisit d'un quotidien et contemple les pages grises d'un air absorbé, faisant semblant de ne pas écouter le babillage des deux oiseaux de nuit venus s'échouer sous les ors gris du grand salon. On croise en sortant les premiers étrangers venus polluer l'air parisien de leurs beuglements béats, et la vue de leurs chaussettes montantes nous inspire des voeux de malheur.

Nous tirons donc notre révérence à ces odieux pachydermes et disparaissons comme le songe d'une nuit de printemps.

lundi 16 février 2009

la chieuse

Aujourd'hui je revendique le droit de faire la gueule en soirée.
Pourquoi toujours devoir/vouloir/paraître être heureux? A moins d'assassiner les émotions qui roulent en nos âmes déjaunies, on peut difficilement se passer d'avoir parfois un visage triste et un regard perdu. Et merde, j'assume.
Mais dans ce cas précis, pourquoi vouloir sortir me direz vous?
Eh bien là, c'est mon droit, mon caprice et mon bon vouloir de souhaiter, parfois, imposer au quidam la vue de ma face oblongue et dépitée, de profiter sans un bruit mais avec délectation de son air ennuyé quand il me regarde, comme s'il avait affaire à une nouvelle maladie inconnue mais visiblement transmissible.
Choisir de pourrir une soirée c'est une vengeance des plus mesquines mais elle paie de toutes les déconvenues, de tous les affronts et lave dans la bile les plus amères déceptions. On peut toujours, de mauvaise foi, faire croire à l'entourage que c'est pour qu'il nous aide à aller mieux qu'on lui fait subir notre déprimante présence. Et là les compagnons d'infortune sont doublement dépités car ils se sentent l'obligation morale de chercher à nous le remonter. Mais peine perdue, rien n'y fait et c'est riant in petto mais pleurant au dehors que l'on va se coucher en oubliant l'aurore.